Le tour est un mécanisme ou une machine-outil sur laquelle on peut fixer une pièce que l'on veut faire tourner sur elle-même pour la travailler.
Sommaire
* 1 Tour de potier
* 2 Tour à bois
* 3 Tour (mécanique)
o 3.1 Tour d'outilleur
o 3.2 Tour parallèle
o 3.3 Tour parallèle à banc rompu
o 3.4 Tour frontal (ou Tour en l'air)
o 3.5 Tour vertical
* 4 Histoire du tour d'ornement
Tour de potier
Il permet de façonner une poterie en faisant tourner l'objet travaillé sur un plateau horizontal. Le potier commande la rotation du tour avec les pieds, et travaille la pièce avec les mains ou à l'aide d'un outil.
Traditionnellement, le tour est composé d'un support dans lequel passe un axe (arbre) vertical. L'axe a un plateau à chaque extrémité : le plateau du dessus est l'endroit où est posé la terre glaise, et le plateau du dessous est un volant d'inertie mis en mouvement par une poussée des pieds.
Les tours modernes sont actionnés par un moteur électrique.
Tour à bois
Il permet de faire tourner une pièce de bois sur un axe longitudinal. La pièce est fixée à ses deux extrémités et le tour est entraîné par un moteur ou manuellement à l'aide d'une manivelle.
On peut appliquer des outils sur le bois de manière à le travailler sur sa circonférence.
Tour (mécanique)
Voir l’article Tournage mécanique.
Tour d'outilleur
Tour parallèle
Le tour parallèle a un axe horizontal. Comme ses semblables, celui-ci fait tourner une pièce afin d'obtenir une pièce finie cylindrique (si machinée longitudinalement). Sinon, il est possible de façer une pièce (machiner le bout de la pièce) soit pour atteindre un meilleur degré de précision ou un meilleur fini.
Le tour parallèle peut recourir à un vaste éventail d'accessoires: -Le mandrin: cet accessoire, un des plus lourds, est un étau fait d'acier trempé extrêmement résistant se refermant sur lui même. Donc, il maintient une pièce en place. Il faut préciser que, si le mandrin est utilisé seul (pas de tournage entre pointes, qu'on verra plus loin), il est recommandé de ne laisser qu'une longueur équivalente à deux fois le diamètre (ou l'apothème situé entre deux diagonales s'il s'agit d'un prisme) sortie du mandrin. Sinon, la pièce trop sortie risque fortement de s'échapper vu sa grande vitesse de rotation et s'avère donc extrêmement dangeureux.
Il existe plusieurs sortes de mandrins: -3 mors (dont certaines ont des mors réversibles (qui serrent de l'intérieur ou de l'extérieur) -4 mors (qui doit être ajusté manuellement) -universel (qui ne possède qu'un mor uni) -magnétique (utilisé pour de petites pièces seulement)
Le chariot porte-outils: Il s'agit de l'accessoire qui, comme son nom l'indique, porte les outils de coupe. Généralement, on peut installer jusqu'à quatre outils simultanément de chaque côté du chariot (la forme du chariot vue de haut est un carré)
La poupée mobile: Cet accessoire, non-amovible mais coulissant sur les glissières du tour, permet de faire: -un tournage entre pointes, si la pièce est très longue et doit être parfaitement concentrique (dans ce cas, il nous faudra aligner la poupée) -un perçage, en faisant tourner une pièce maintenue dans un mandrin et en faisant pénétrer un foret qui, lui, ne tournera pas. -un taraudage (Par exemple, un trou est taraudé - mais une vis est filetée -)
Copieur hydraulique: Il est possible, avec cet accessoire, de copier une pièce déjà existante sur une pièce brute.
L'affichage numérique: permet d'obtenir un produit de grande précision, pouvant être exécuté au millième de pouce (0,00254 millimètre) près, et cela plus facilement qu'avec la bague rotatif anciennement employée qui devait être réinitialisée à la main.
La grande qualité de finition qu'un tour peut produire ne peut pas être conçue à la main. La particularité du tour possède, comme la fraiseuse et la perceuse radiale, une avance automatique. C'est elle qui détermine une finition constante, lisse et plus esthétique.
Tour parallèle à banc rompu
Tour frontal (ou Tour en l'air)
Tour vertical
Histoire du tour d'ornement
La noblesse raffolait des « tournages » et en fabriquait elle-même, comme Louis XVI, la serrurerie et la ferronnerie dans l’atelier qu’il s’était fait aménager à Versailles. On peut admirer le tour construit en 1780 par Louis XVI au Musée des arts et métiers de Paris. Le XVIIIe siècle attache un grand intérêt aux « arts mécaniques ». L’Encyclopédie leur consacre la majeure partie de ses planches, qui constituent à cet égard un document incomparable. Autant que les savants, les souverains encouragent les bons artisans. Le tournage était un passe-temps de nobles, ils sponsorisaient des tourneurs pour leur avancer le travail, puis ils se cachaient pour réaliser en secret les pièces les plus complexes. À titre d’exemple, Louis XV (1710-1774) reçut à partir de l’âge de raison (1717) une éducation intellectuelle autant que manuelle : en 1717, il apprit un peu de typographie, et en 1721, il s'initia à tourner le bois. Ces tours servaient à la formation des aristocrates appelés à exercer le pouvoir ou des commandements parce que cette pratique exigeait une extrême rigueur, précision, discipline. Le tsar Pierre le Grand était aussi un passionné de l’art du tour qu’il pratiquait lui-même. On retient même qu’il fut un des meilleurs tourneurs de son époque. Lors de sa visite à Louis XV en 1717 à Versailles, à la suite de sa cure à Spa, il donnera à l’Académie des sciences de Paris un tour à portrait d’Andrej Konstatinowitsch Nartow.
« …P.-C. Hulot, fils de l’auteur de l’Art du Tourneur-Mécanicien se rendit en Angleterre vers 1766 ; il y fut accueilli avec distinction par Georges III qui lui commanda un Tour à guillocher et un Tour à portraits. […] En 1740, le roi d’Espagne, Philippe V, alors Monarque des Deux-Siciles, accorda de grands privilèges à l’Israélite Bincher, qui avoit fait pour ce Prince un Tour portatif, aussi solide que peu compliqué… ». Dans l’ouvrage Le Manuel du Tourneur, L.E. Bergeron, qui sortira à Paris en 1784 on trouvera même la liste des nobles de France acquis à cette passion.
Lorsque Gustave III, roi de Suède et prince de Finlande, séjourna à Spa en 1773 ?, il alla rendre visite au fameux tourneur, Lambert Xhrouet ; celui-ci tourna devant le souverain, en un instant, dans un bloc de glace, une coupe à champagne admirablement ciselée, dans laquelle le roi but à la santé de l’habile artisan. Lambert Xhrouet est appelé par toutes les cours d’Europe. Il passe six mois de 1748 à Vienne à la cours de l’empereur François Ier où il lui donne des leçons de tour. Il est appelé plusieurs fois par le duc Charles de Lorraine à Bruxelles et les margraves de Bayreuth après l’avoir vu travailler à Spa. Il est nommé tourneur de Louis Philippe Ier, duc d’Orléans, à Paris et fait, à Versailles, écuyer de la reine de France, Marie Leszczyńska, fille du roi de Pologne.
Ces pièces d’ornements rejoignaient généralement les cabinets de curiosités de l’époque où dans une ou plusieurs pièces de leur hôtel particulier, les aristocrates présentaient des objets intrigants, des pierres, coquillages, horloges, baromètres ou microscopes démontrant les beautés de la nature et des sciences. Les tournages d'ornements étaient rangé sous la catégorie "artificialia", qui regroupe les objets créés ou modifiés par l'Homme (antiquités, œuvres d'art). « M. le baron de Watteville passait sa vie dans un riche atelier de tourneur, il tournait ! Comme complément à cette existence, il s'était donné la fantaisie des collections des petites choses. Il amassait les coquillages, les insectes et les fragments géologiques… ».
Dans les « Nouveaux Amusements de Spa » publiés en 1763, on peut lire :
« Le Tour excelle à Spa au dessus les autres professions. On y fait quantité de beaux ouvrages en ivoire, en écaille, en nacre de perles, percés à jour, des étuis, des tabatières, des portraits, des pyramides, etc. Il y a plusieurs tourneurs de profession ; mais il n’y en a qu’un, qui puisse fixer l’attention des curieux. C’est le Sr. Xhrouet, à l’Hotel de Lorraine ; il excelle dans cet art et il l’exerce avec une dextérité, qui charme les connoisseurs. Il ne vient presque personne à Spa, qui ne soit curieux de voir de ses ouvrages et qui ne veuille en emporter quelque pièce. Le Comte l’avoit visité souvent et y avait conduit les Dames (auxquelles cet habile tourneur avait montré quantité de petits ouvrages, qui étoient autant de petits chefs-d’œuvre, dont on ne pouvoit presque discerner toutes les parties qu’à l’aide d’un microscope. Il leur avait fait voir entr’autres une petite table avec six tasses, leurs souscoupes, la théière et le succrier, qui se renfermoient dans un petit œuf d’yvoir, qui n’étoit pas plus gros qu’un pois. Madame la Marquise de … l’avoit trouvé très curieux ; elle en avait paru enchanté et le Comte lui en avoit fait la galenterie.
Il leur avoit fait voir encore une pyramide d’une délicatesse admirable ; elle étoit surmonté d’un globe, qui n’a qu’une ouverture assez petite, dans lequel il avoit tourné une boîte à portraits de trois pièces, dont le diamètre occupe toute la capacité intérieure, et la boîte étoit tournée en petits goderons et d’autres figures, qui rendent cette pièce plus difficile et plus curieuse, que celles, qui avoient paru dans le même genre. Ainsi, cet habile artiste s’est acquis une réputation distinguée, qui lui a mérité l’honneur d’être appelé avec ses tours, en diverses cours […] Ces distinctions sont des bons garans de sa supériorité dans cet art et du goût des étrangers, qui lui rendent visite à Spa ».
Le « Maître d’art 2005 », tourneur sur ivoire , Pierre Meyer, nous explique sa démarche similaire : « Il n’y a ni geste, ni outil de prédilection dans mon métier mais il y a une particularité : on forge notre outil en fonction de ce que l’on a à faire. On fabrique notre outillage […] J’ai consulté un livre de 1747, Le plumier, écrit par un moine, le père plumier, qui traite des tournages spécifiques. Cela m'a passionné. Il y est expliqué grosso modo (car, à l'époque, tout était encore secret) comment fonctionnaient les tours à ivoire avec des descriptions et des planches de dessins. C'est à partir de ces planches que j'ai entièrement recréé un tour de cette époque, capable de réparer des pièces réalisées au XVIIIe en les tournant à l'identique ».
Le tournage d’art sur bois, lui, semble avoir pris récemment et internationalement une nouvelle vigueur si l’on se réfère à l’organisation régulière des journées mondiales du tournage d’art, à l’existence de diverses associations nationales de tourneurs d’art, aux multiples stages de formation offerts dans le monde, au Centre international de tournage sur bois de Philadelphie (E.U.), à des bourses internationales de perfectionnement, etc.
Les ouvrages en français d'histoire sur le tournage sont inexistants ou presque, quelques livres citent parfois en préambule l'ancienneté de la profession, publient une ou plusieurs illustrations originales, rarement plus. La bibliographie étrangère (Angleterre, Allemagne, États-Unis) est beaucoup plus riche à tous les points de vue, du fait même de l'importance culturelle du tournage dans ces pays.